Révélations du journal El Pais
Depuis le triple attentat commis à Alger contre
le Palais du gouvernement et des sièges de la Police nationale le 11
avril dernier, et ceux perpétrés, la veille et le lendemain de cette
date, à Casablanca, au Maroc (six kamikazes se sont fait exploser à
Casablanca, un septième a été abattu par la police avant de pouvoir
actionner sa ceinture), la filiale d’al-Qaïda Maghreb suscite
un intérêt accru des médias des pays des deux rives de la Méditerranée,
particulièrement exposés à la menace terroriste émanant de la nébuleuse
de Ben Laden.
Le quotidien espagnol El Pais a révélé, dans son
édition d’hier, que les services de sécurité de la péninsule ibérique
et de l’Hexagone s’intéressent tout autant à la branche maghrébine
d’al-Qaïda, et pas seulement depuis les attaques spectaculaires du 10,
11, 12 et 14 avril dernier. Ce journal, à grande audience, a dévoilé
que des cellules dormantes d’al-Qaïda, établies en France et en
Espagne, ont réussi à mettre en place des réseaux de financement pour
les terroristes islamistes, opérant principalement au Maghreb. Selon le
rédacteur de l’article en question, “une équipe de procureurs, de juges
et d’enquêteurs travaillent, depuis octobre 2006, sur un réseau
complexe établi dans ces deux pays et qui financerait les terroristes
sévissant au Maghreb”.
À se fier à ces informations, la machine
judiciaire et des renseignements généraux des deux pays susmentionnés
s’est mise en branle quelques semaines à peine après que le GSPC
(Groupe salafiste pour la prédication et le combat) eut annoncé son
ralliement au groupe de Ben Laden (c’était en septembre 2006). Ces
services auraient découvert, à se référer à l’article d’El Pais
(publication du centre gauche proche du pouvoir socialiste), que la
“délinquance et le recours à la charité sont les principales sources de
revenus des terroristes en France et en Espagne. Le réseau passe
également par les paradis fiscaux”.
Le quotidien a précisé qu’une
“enquête de l'Audience nationale, plus haute instance pénale espagnole,
montre que des fonds en provenance des Bahamas sont arrivés entre les
mains d'un des membres du réseau en Espagne et ont été camouflés par de
fausses factures au nom d'une entreprise d'informatique japonaise”.
Donnant encore plus de détails sur l’enquête de la justice et des
brigades de renseignements généraux espagnols et français, le quotidien
El Pais a écrit que “la Garde civile a découvert que des individus
incarcérés en Espagne continuent d'être actifs dans ces opérations.
Les rapports du contre-espionnage espagnol (CNI) et des renseignements
généraux (RG) français montrent que la France et l'Espagne sont les
objectifs prioritaires des terroristes en Europe”.
D’ailleurs, en
réaction aux attentats d’Alger, autant les autorités espagnoles que
françaises ont, certes, condamné ces actes, mais ont notamment affiché
leur appréhension quant aux attentions du GSPC de programmer des
attaques terroristes sur leur propre sol. En découvrant
qu’effectivement des éléments d’al-Qaïda s’activent à récolter des
fonds sur leurs territoires de souveraineté pour financer des
attentats, la menace, à leurs yeux, est une réalité à ne point
occulter. D’autant que lors de sa revendication des attentats d'Alger,
le GSPC a affirmé que “l'Espagne était un territoire qu'il devait faire
passer dans le giron musulman, en raison de l'occupation maure d'une
partie de la péninsule ibérique entre le VIIIe et le XVe siècles”.