Même le 08 mars devient une récupération américaine attribuant la maternité de cette journée aux ouvrières américaines du textile en 1875. Manifestation du reste entachée de doute du fait qu’elle n’aurait pas eu lieu. L’idée d’une Journée internationale de la femme, proposée et défendue par Clara Zekting, socialiste allemande, lors de la « conférence des femmes socialistes » à Copenhague en 1910, constitue quant à elle, bel et bien un évènement de référence pour la lutte des femmes ouvrières. Elle fut appuyée dans ses revendications du droit de vote pour les femmes, par la Polonaise d’origine, Rosa Luxembourg, qui mourut assassinée. En mars 1911, un million de femmes manifestent en Europe. Le 08 mars 1921, Lénine décrète cette journée « Journée de la femme ». Il s’ensuivit une série d’adhésions des Etats socialistes d’abord et des autres par la suite à la nécessité de commémorer chaque année cet évènement. Retenons qu’il s’agit là de la commémoration des luttes pour la paix et le bien-être menées par des femmes, au risque de leurs vies et non pas des rencontres cérémoniales de pâtisseries et de limonades. Retenons que très souvent la parole des femmes qui souffrent réellement pour échapper à la misère, est très souvent confisquée par d’autres femmes qui savent comment glisser de salon en salon pour s’attirer une médiatisation incorrecte dans le seul but de percer. Tout comme les hommes. Chez nous, la femme rurale, celle qui a été transformée en outil d’artisanat seulement, se lève tôt et se couche tard. Ses ongles n’ont jamais connu de vernis et sa bouche se tord à force d’acquiescer par monolinguisme. Elle ne parle que la langue de la faim. A cet effet, de nombreux mouvements féministes depuis les années 70 s’expriment contre cette fête, partant du principe selon lequel «femmes fêtées un jour, exploitées toute l’année». Ce qui n’est pas faux au regard de l’exploitation subie par toutes ces femmes qui se battent jusqu’à la mort pour sauver ce qui peut encore l’être, particulièrement dans les pays du Sud.
Qu’en est-il de celles qui se font tuer quotidiennement et sans ménagement dans des conflits où la seule chose qui soit sûre c’est qu’elles meurent souvent indépendamment de leur responsabilité. A l’Irakienne cette année comme à l’Africaine l’année dernière, dédions ces quelques vers, insuffisants reconnaissons-le.
Irakia
Ne pleures pas ma sœur
que le destin a semée comme un champ de blé
entre le Tigre et l’Euphrate
au pays des mille et une nuits.
Tu tapes dans ma poitrine
quand tu frappes les seins
qui nourrissent ta résistance
à ces marchands de tapis...
de bombes, qui pleuvent sur ton village
comme une averse passagère.
Tu attires les yeux du monde sur ton honneur piétiné
par ces incultes,
qui te viennent de si loin
par le ciel et par la terre.
Par la mer des Arabes, blottis dans leurs impasses,
vêtus de blancs linceuls,
et qui se disent vivants pour réduire ta poésie,
pour que seul soit entendu, le bruit des sirènes.
Tu es le fruit de cinq mille ans d’Histoire plantés dans les jardins suspendus
que n’ont pas su garder
des « Erires » assis sur des trônes en pétrole.
Solitaire parmi les tiens
risible dans les bouches des silences tu attends que t’habite, l’espoir,
de jours meilleurs.
Baghdad est tombée dans les mains des courtiers.
Tu reconstruiras ta dignité.
L’épreuve qui traverse comme une épée
les bedaines de tes frères, te rendras plus forte encore
et tu renaîtras de tes cendres tel un Phœnix.
Mais nous resterons coupables de l’aphonie des couloirs de la peur
parce qu’au lieu de perdre ton droit à mourir,
tu feras de la vie, un devoir qui guidera,
celles qui vont naître après toi.