Sauce tunisienne
Sartre à la sauce tunisienne dans un espace algérien : une comédienne et deux comédiens jouent des rôles dans la vie et au théâtre. Atef Benhassine, auteur et metteur en scène, a su faire renouer le public algérien, blidéen pour la circonstance, avec le jeu théâtral, la cohésion des mouvements, les envolées lyriques.
Le trio de la troupe Elteatro de Tunis parlait du théâtre sur scène, l’opposant à la vie réelle. Des moments pathétiques avec des réparties où il est annoncé des vols charters pour aller voir une pièce montée dans un pays arabe, la queue pour acquérir un billet, une queue longue de Tunis à Annaba. Satire des gouvernants et comique de situations où le citoyen arabe n’a pas vraiment le beau rôle. « Demeure le comédien » cet hypocrite « échappant à toute tentative de conformité », n’obéissant à aucun cahier des charges, car il est, de par son essence, « une copie non-conforme ! », déclare Benhassine. Jolie définition du comédien également confronté à toutes les réalités sociales en tant qu’être humain. Subir la politique prônée par les gouvernants et se vouloir une entité, notamment arabe, relève du burlesque au temps de la mondialisation. Sawsan Maâlej, Abdelmonem Chouwayet et Fouad Litayem ont su faire adhérer le public blidéen qui répondait par des éclats de rires francs à toutes les tirades qui rendaient compte de la situation des Arabes et de leurs intellectuels, « ceux-là qui ne disposent pas de bibliothèques personnelles à la maison ni de l’Internet à cause de la lenteur de la connexion ». Réalité et fausse réalité, existence de l’être citoyen dans le jeu de la vie, la vie jouée sur scène et la réflexion sur le statut des deux situations. Mue du citoyen dans la peau du comédien et comédien rendu à la dure réalité de la vie : le public adhérera, même si nombre de séquences lui échappe.
Mer 4 Avr - 13:51