Les producteurs du lait vont recevoir de la poudre de lait à un prix subventionné, a annoncé jeudi le ministre des Finances, Mourad Medelci, dans le sillage de la mesure de financement accordé au groupe public Giplait.
A condition cependant que cette poudre soit utilisée uniquement dans la fabrication du lait à l'exclusion des produits dérivés. Et que le sachet de lait soit vendu à 25 DA. Entre la libéralisation du prix qui risquait de s'envoler en raison de la flambée du prix de la poudre sur le marché international et la subvention de l'Etat pour maintenir le sachet de lait à 25 DA, c'est cette dernière option qui a été retenue, selon les explications du ministre.
Les modalités pratiques de cette assistance financière seront précisées incessamment à l'occasion d'une rencontre entre le ministère du Commerce et les producteurs du lait qui ont longtemps réclamé la libéralisation des prix ou l'aide de l'Etat. Non sans avoir dénoncé la faveur accordée à Giplait. Ils auront ainsi été entendus mais ils sont invités à jouer le jeu de la transparence.
Giplait, plus grand transformateur de lait au niveau national, vient ainsi d'être chargé de l'importation de la poudre de lait et sa distribution aux transformateurs à un prix subventionné. Le ministre a indiqué que cette subvention fera l'objet d'un montage financier entre ce groupe et les transformateurs. La mesure semble prise pour parer à l'urgence de mettre un terme à la crise du lait car à compter du mois de juin, à l'installation de l'office interprofessionnel du lait devant se charger de la régulation du marché, l'approvisionnement du marché obéira à une démarche cohérente de nature à éviter les ruptures des stocks et à anticiper les tensions. Pour rappel, une enveloppe de 10,5 milliards de DA a été débloquée au profit de Giplait qui s'est vu ouvert un crédit à la BADR sous garantie du Trésor.
Mais la crise a déjà fait ses effets. Sur les 80 entreprises que compte la filière lait, 78 ont été contraintes d'arrêter leurs activités. Les deux restantes produisent en puisant dans leur stocks. Lors d'une rencontre récente au Forum d'El-Moudjahid, les producteurs privés du lait se sont élevés contre ce qu'ils ont considéré être « une politique de deux poids, deux meures » face à l'absence de réaction des pouvoirs publics à leur égard. Le propos est d'autant sensé qu'il s'agit d'un produit de consommation de base pour les ménages.
Pour ces mêmes producteurs, les pouvoirs publics sont tenus, devant l'évolution des besoins en la matière et la hausse des coûts, de prendre en charge le différentiel entre le coût réel de la poudre et le prix de vente. Il s'agit amplement d'administrer le prix du lait vendu à 25 DA puisque le coût réel d'un sachet de lait - 23,35 DA à sa sortie d'usine - revient à 41,97 DA, avaient-ils argué. L'office interprofessionnel de lait qui sera opérationnel en juin, dont la mission est de réguler le marché, disposera d'une subvention qui lui permettrait la prise en charge du différentiel du prix de la poudre qui est en augmentation, et s'élevant aujourd'hui à 2.500 dollars la tonne. Cette entité est supposée garantir une solution pérenne, en attendant que d'autres leviers de production de lait, comme celui du cru, puissent atténuer la dépendance de la poudre importée. Cette subvention devrait être intégrée dans la loi de finances complémentaire pour 2007.
L'enveloppe octroyée sera donc pour la production annuelle à 800 millions de litres. La part du marché global est actuellement à 3,7 milliards de DA. La plus grande part revient à Giplait qui couvre 60% du marché. L'enveloppe globale des importations avoisine les 600 millions de dollars, compte tenu des différentes et nombreuses tarifications selon les produits acquis, poudre de lait, lait écrémé, lait en granulé, lait sucré, non sucré.
Dim 8 Avr - 1:02