TEHERAN (AFP) - L'avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix de 2003, a pris la défense de plusieurs éditeurs, critiquant dimanche l'arbitraire de la censure des livres en Iran.Annonçant que ces éditeurs avaient déposé une plainte auprès du Conseil d'Etat contre le ministère de la Culture et de la guidance islamique, Mme Ebadi a souligné que la publication devait "être libre à moins qu'elle ne viole la constitution", lors d'une conférence de presse aux côtés de plusieurs éditeurs.
La production et la distribution de musique, de films et de livres sont soumises à la supervision du ministère qui a imposé des mesures de restriction plus dures, interdisant des dizaines de titres depuis un an, selon les éditeurs.
"Il n'y a pas de loi indiquant quels types de livres ne peuvent pas être publiés, donc le processus est totalement arbitraire", a dénoncé Mme Ebadi.
L'éditrice Shahla Lahidji a estimé que la politique menée sous le président Mahmoud Ahmadinejad était sans précédent. "Ils ont interdit quinze de mes livres, sans donner d'explication", a-t-elle dit. Avant "au moins ils s'asseyaient et discutaient des lignes rouges" à ne pas franchir.
La plainte, à laquelle elle s'est associé, "n'est pas un acte politique", a assuré Mme Lahidji qui dirige la maison d'édition Roshangaran. "Nous sommes réellement inquiets au sujet de l'avenir de nos affaires".
La presse et l'édition iraniennes ont connu une liberté relative sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), pendant laquelle des milliers de livres, dont certains jugés polémiques, avaient été autorisés à paraître.