Moh Débutant
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| Sujet: Terrorisme Ce droit qui permet l'ingérence Mar 17 Avr - 15:51 | |
| Les Etats-Unis viennent de souligner à l'Algérie qu'au nom du devoir que leur impose la loi de protéger leurs citoyens, obligation leur est faite de les prévenir du danger là où ils se trouvent.
Le communiqué de l'ambassade des Etats-Unis à Alger, transmis lundi aux autorités algériennes, porte plus d'un message. Non seulement ses rédacteurs font l'impasse sur le sentiment d'ingérence qui a secoué tout un pays mais ils font savoir à l'Algérie et au reste du monde que leur loi leur dicte des obligations qui se passent royalement de ce genre de considérations. «L'ambassade a pour obligation, selon la loi américaine et selon la politique du département d'Etat, de partager toute information jugée crédible sur un danger potentiel pouvant porter atteinte à la vie et à la propriété des ressortissants américains en Algérie», ont souligné les Américains à l'adresse des autorités algériennes. Notre unique intention est de respecter nos obligations légales et l'éthique auprès de nos citoyens».
En fin de compte, le message de l'ambassade des Etats-Unis à Alger sur l'imminence d'attentats terroristes contre des cibles qu'elle a pris le soin de bien identifier, n'a pas été l'oeuvre du seul ambassadeur qui dit-on est absent depuis quelques jours. Le ministère des Affaires étrangères s'est d'ailleurs rabattu sur le chargé d'affaires et l'a convoqué pour lui faire part de son mécontentement. Robert Ford, l'ambassadeur américain, n'est certainement pas en mesure de décider à partir de son bureau d'Alger, de faire part d'intentions aussi dangereuses à un pays dont le positionnement géographique est classé depuis quelque temps par les stratèges de son pays avec la mention «intéressant». C'est véritablement une option d'Etat qui a été mûrement réfléchie et adoptée par le département d'Etat. Cette politique, notent-ils d'ailleurs, «est la même à travers le monde». Ils y ont recours en Jordanie, en Egypte, en Syrie et bien dans d'autres pays arabes et musulmans qu'ils ont à l'oeil. Le message à l'Algérie est donc un acte «responsable» de Washington. Il a été rédigé au nom du droit, du devoir et de l'éthique: trois grands mots qui constituent à eux seuls les fondements d'un Etat.
Peu importe si leur signification telle que consacrée par les textes américains ne convient pas aux moeurs des pays ciblés. C'est justement parce qu'ils estiment que ces derniers ne connaissent pas ce que sont le droit et la loi que les Américains s'érigent en moralisateurs pour leur donner des leçons de «démocratie et de gouvernance». C'est au nom de la loi que l'Amérique de Bush a décidé de régenter le monde. Les dangers que les Américains sont toujours les premiers à sentir doivent en toute évidence, répondre à leurs visions géostratégiques, à leurs modes d'intervention pour y faire face et à la nature de leurs intérêts. Ils l'ont clairement démontré lorsqu'ils ont décidé de coloniser l'Irak. Ils le font depuis qu'ils livrent une guerre sans merci aux Afghans. Ils s'y préparent aussi pour battre l'Iran et le suggèrent pour «protéger»
Chez nous, la loi en matière de protection et de sécurité dit ceci: «L'Etat est responsable de la sécurité des personnes et des biens. Il assure la protection de tout citoyen à l'étranger». C'est l'article 24 de la Constitution qui le stipule. La loi suprême du pays oblige ainsi l'Etat -comme le fait la loi américaine- à protéger ses citoyens là où ils se trouvent. Il n'est pas question ici de démontrer que le département américain a raison d'ameuter tout un pays pour prévenir quelques Américains travaillant dans des lieux sécurisés qui ne semblent n'avoir jamais été inquiétés par les problèmes de terrorisme dans le pays. Mais l'on remarque qu'on est loin de nous inscrire dans un schéma dont les éléments fondamentaux relèvent du droit, du devoir et de l'éthique. Les discours de nos gouvernants restent bien éloignés de tout cela.
La visite du président de la République, dimanche à l'hôpital Mustapha Bacha, a rappelé à l'esprit algérien une autre tout à fait similaire qui avait été entreprise, il y a plusieurs années, par l'un de ses prédécesseurs dans les mêmes conditions et pour les mêmes raisons. C'était au bon milieu des années 90 lorsque Liamine Zeroual, alors chef de l'Etat, s'était rendu au chevet des blessés d'un attentat terroriste. «Monsieur le Président, faites quelque chose!» implore une femme de son lit d'hôpital. «Que voulez-vous qu'on fasse? lui demande à son tour Zeroual. Dimanche, Bouteflika avait pris la main d'une femme blessée et lui a dit «il faut que le peuple bouge, il ne doit pas rester comme spectateur».
L'article 6 de la Constitution dit: «le peuple est la source de tout pouvoir». C'est probablement ce «slogan» qui a inspiré le chef de l'Etat pour attribuer une quelconque force à un peuple qui ne sait pas vraiment ce qui se passe dans son propre pays. En l'absence de tradition de communication et d'informations crédibles, il est difficile aujourd'hui de comprendre ce qu'a voulu dire le Président en exhortant le peuple à bouger. Il fut un temps où des groupes entiers de citoyens ont constitué des corps de défense pour protéger le peuple jusque dans les endroits les plus reculés du territoire national. On les appelait «les patriotes» et «les gardes communaux». Dès les premiers signes du retour au calme, ils ont été ignorés par l'Etat au point de ne pas être payés pendant de longs mois. Leur demande d'intégration au sein des corps de la fonction publique avait longtemps buté contre le refus de gouvernants qui leur avaient fait pourtant appel dans les années de braise pour «sauver la République». Si le peuple doit bouger, il ne pourrait le faire que dans le cadre d'une démarche concertée avec les institutions de l'Etat «dans le cadre du droit et de l'éthique» comme nous l'apprennent les Américains. Ce qui permettra de situer les responsabilités et les missions de chaque partie sans entrechoquements. | |
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