Le Japon lance un nouveau satellite espion pour répondre à Pyongyang et Pékin
TOKYO (AFP) - Le Japon a lancé samedi son quatrième satellite radar espion, ainsi qu'un satellite expérimental d'observation, qui doivent lui permettre pour la première fois de surveiller chaque jour l'ensemble de la planète, sur fond d'inquiétudes vis-à-vis de Corée du Nord et de la Chine.
Le tir de la fusée H2A, transportant les deux satellites, a eu lieu à 13H41 locales (04H41 GMT) sur la base spatiale de Tanegashima (sud du pays), a précisé une porte-parole de l'Agence d'exploration spatiale japonaise (JAXA).
La fusée a fonctionné normalement et les deux satellites ont été correctement placés en orbite, a ensuite indiqué la JAXA dans un communiqué.
La mission avait dû être reportée à plusieurs reprises en raison, selon la JAXA, de mauvaises conditions météorologiques.
Le Premier ministre Shinzo Abe a salué ce succès.
"J'espère que le développement spatial de notre nation continuera à accumuler les succès en faisant du Japon un pays doté de technologies spatiales sophistiquées", a-t-il souhaité dans un communiqué.
Cette mission, prévue initialement le 15 février, survient au moment où le Japon est vivement préoccupé par les activités nucléaires et les missiles nord-coréens ainsi que par le programme spatial chinois.
Le mois dernier, Tokyo avait fait part de ses "grandes inquiétudes" après la confirmation de l'essai d'une arme antisatellite par Pékin. La Chine est ainsi devenue le troisième pays, après les Etats-Unis et l'ex-Union soviétique, à abattre un objet dans l'espace.
Le satellite radar japonais viendra compléter une flotte de trois autres engins collectant déjà des informations militaires, pour donner au Japon la possibilité de pouvoir surveiller l'ensemble du globe une fois par jour.
Le satellite expérimental à équipements optiques servira à tester de nouvelles technologies pour les futurs modèles.
Tokyo a décidé de se doter de satellites espions peu après le premier tir d'un missile balistique Taepodong par la Corée du Nord en 1998.
Deux premiers exemplaires, radars et optiques, ont déjà été lancés en mars 2003 et un troisième en novembre 2006.
Ce dernier aurait dû être mis en service en décembre 2003, mais la fusée H2A chargée de le placer en orbite avait dû être détruite après dix minutes de vol en raison d'une défaillance technique.
A la suite de ce revers, d'autant plus humiliant qu'il était survenu un mois après le premier vol spatial habité chinois, la JAXA avait été contrainte de suspendre tous les lancements de sa fusée H2A pendant plus d'un an, jusqu'au 26 février 2005.
La décision de positionner de nouveaux satellites espions a été prise par le gouvernement de Tokyo début 2006 en raison de ses vives préoccupations face au programme nucléaire et aux missiles nord-coréens.