L'Indonésie semble à nouveau disposée à partager ses échantillons de virus grippaux avec l'OMS, laquelle s'engage en contrepartie à doter Jakarta d'une production locale de vaccins.
Un compromis qui met fin à 2 mois d'une crise feutrée. Depuis le début 2007 en effet, l'Indonésie refusait de transmettre aux laboratoires de référence de l'OMS les souches de virus H5N1 isolées sur son territoire. Pourquoi ? Parce que ces laboratoires refusaient pour leur part de publier les génomes décryptés, invoquant « la propriété intellectuelle des chercheurs ». Un système de veille épidémiologique parfaitement rodé depuis 50 ans, se trouvait du coup menacé...
Ce sont en effet les souches virales collectées sur le terrain qui permettent aux centres de référence de l'OMS d'élaborer la composition des vaccins contre la grippe saisonnière. Des vaccins achetés ensuite – au prix fort - par les différents pays. Mais la menace représentée par H5N1 a changé la donne.
En première ligne face à une éventuelle pandémie, les pays en développement ont fait le forcing. Notamment l'Indonésie, qui avait décidé en janvier de ranger ses virus dans un tiroir... indonésien. En échange du partage de ses souches, elle exigeait un partage… des résultats. Sous la forme d'un accès à des vaccins de qualité « à des prix abordables ». Une nécessité vitale pour ces Etats dépourvus de capacités de productions en matière de vaccins.
Théoriquement, c'est aujourd'hui chose faite. Même si l'OMS formule avec un flou très diplomatique sa déclaration du 16 février dernier, où il est question de transfert de technologie « à long terme ». A court terme, il semble bien que l'Indonésie continuera d'acheter ses vaccins aux laboratoires...
Ce dénouement fait suite à la rencontre le 16 février dernier, du Directeur du département Maladies infectieuses de l'OMS David Heymann, avec la ministre indonésienne de la Santé Siti Fadillah Supari. « L'échange (des virus grippaux) reprendra » a-t-elle annoncé. Car cela est « nécessaire pour assurer la sécurité mondiale en matière de santé publique ». Et pour cause. Avec 81 cas humains confirmés - dont 63 mortels - par l'OMS au 29 janvier dernier, l'Indonésie est frappée de plein fouet par le virus H5N1. Les souches indonésiennes du virus aviaire sont indispensables. Aux pays riches de savoir payer le prix de la nécessité...
Ven 2 Mar - 14:21