Situé en plein centre de Tlemcen dans l'ancienne Medersa, un joyau architectural qui n'est pas classé, semblant n'intéresser personne, héritage colonial franco-musulman, qui, depuis, n'a pas changé d'un iota en l'absence d'une politique «muséale». Pis encore, toute une génération est passée là, sans savoir que la Medersa abrite le musée de Tlemcen. Pourtant, la structure est des plus attirantes puisque construite au siècle dernier et est en elle-même un musée.
Cependant, pour redynamiser le musée, un responsable des sites et monuments des musées de Tlemcen, M. Réda Brixi, diplômé en muséologie et très connu pour ces récits de voyages, vient d'être nommé. Dès son installation, il s'est mis à plaider pour une véritable prise en charge de ce musée et d'un patrimoine historique. Malgré les moyens limités, voire pratiquement nuls, dont il dispose, il tente de faire revaloriser le musée, le rendre plus accueillant, lui donner une vie. «J'essaie de mettre en relief, avant l'été, un pan de l'histoire des Almoravides, des Almohades avec Abdelmoumène et Nedroma et des Zianides pour qu'il devienne visitable. Surtout pour le scolaire, pour attirer tout ce joli monde, M. Brixi est en train d'aménager une salle d'ethnologie où, le blason de l'artisanat de Tlemcen sera redoré : métier à tisser, instruments de musique (lutherie), habits traditionnels et art culinaire en plus de peinture et de sculpture.
En visitant le musée avec son nouvel hôte, on sent que rien ne pousse à la curiosité, la lecture muséologique ne se fait pas convenablement, les objets ne dégagent pas une charge émotionnelle comme dans tous les musées du monde qui sont plutôt : «une collection qui doit produire du sens et susciter une délectation, une ivresse spirituelle».
Parmi les grandes perspectives, M. Brixi fait des démarches pour créer l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés. Sa mission serait de revoir le classement des monuments tels que Mansourah, livrée à elle-même, Sidi Boumediène et ses dépendances, le Mechouar et le Minaret d'Agadir, le grand drame, à savoir, les bains qui datent d'Idriss 1er, envahis et saccagés par des délinquants. Tous ces monuments seront revalorisés et protégés.
«Notre souci majeur est l'instauration d'un musée national digne d'une ville au passé prestigieux. Pour commencer, on exploite les richesses que nous avons tirées de nos traditions. Le patrimoine immatériel se meurt (contes et légendes). Nous devons réhabiliter l'habit traditionnel avec ses parures, ressortir les instruments de musique, Tlemcen étant le fief de l'héritage andalou et au passage, essayer de nuancer l'art culinaire hérité de tous les envahisseurs depuis les Numides. Que l'art, la création artistique reprennent leur lettres de noblesse dans ce lieu. Pour cela, je fais appel à tous les artistes pour une réelle prise en charge de ces créneaux dans des espaces qui seront mis à leur disposition dès aujourd'hui.
M. Brixi est conscient de l'enjeu puisqu'il est aussi président de l'Association de la protection du Musée de Tlemcen, un enjeu qui est loin d'être une lubie, c'est une vitrine de choix pour la présentation d'un terroir, d'un patrimoine, d'un passé recelant le tracé ancestral enrichissant et utiles pour les générations à venir, pour les scolaires, surtout, qui y trouveraient un véritable support historique.