GENEVE (AFP) - Le Grand Théâtre de Genève, un des piliers de la scène culturelle de Suisse romande, fait face à une crise de gestion aiguë qui ébranle les institutions de la ville. La publication, lundi dernier, de deux rapports d'audit commandés par la ville de Genève et la Fondation du Grand Théâtre pour faire la lumière sur les pratiques de direction, a mis en évidence une situation accablante pour ce haut lieu culturel.
Interrogés par les auditeurs, les employés du Grand Théâtre ont accusé la direction de "népotisme" et de "copinage".
Des épisodes de harcèlement, de mobbing, de discrimination ont été rapportés par les employés, qui accusent également le directeur technique de sexisme.
Parmi les cas évoqués, l'engagement de la femme du directeur général, qui s'était présenté aux auditions sous son nom de jeune fille, a irrité le personnel.
Directrice de recherche chez "Créalyse", l'un des instituts qui a réalisé l'audit, Agnès-Maritza Boulmer a déclaré devant la presse lundi dernier qu'une véritable "armée mexicaine" avait été mise en place au sein de l'institution. Pointant du doigt une hiérarchie cloisonnée, elle a fait allusion à la prolifération de petits chefs et de sous-chefs.
En outre, selon Mme Boumer, "le Grand Théâtre est empreint d'une culture machiste très forte".
Trônant sur la Place neuve depuis 1876, au pied des murailles de la vieille ville de Genève, le Grand Théâtre de Genève est intimement lié aux institutions politiques de la cité.
Exploité par une fondation financée par des subventions publiques, ses membres sont désignés par le Conseil municipal (législatif) et le Conseil administratif (exécutif) de la ville de Genève.
En outre, deux Conseillers administratifs de Genève siègent dans le bureau de la fondation. Actuellement, Patrice Mugny, responsable des affaires culturelles et Pierre Muller, responsable des finances, tiennent ce rôle.
Mercredi, le Conseil administratif a annoncé dans un communiqué qu'il procédera à "un examen approfondi de la situation de certains services" du Grand Théâtre.
En outre, l'exécutif de la ville a annoncé les premières mesures, notamment la réintégration de deux employées licenciées après avoir dénoncé des pratiques de mobbing.
La crise du Grand Théâtre a débuté en mai 2006, lorsque les syndicats ont dénoncé un responsable de mobbing et de harcèlement sexuel.
En août 2006, le suicide d'un machiniste a mis le feu aux poudres. 70 employés ont signé une lettre de doléance remise à Patrice Mugny où ils dénoncent les conditions de travail.
A la fin de l'année, deux audits ont été commandés à deux instituts différents.
Abritant le plus vaste plateau de Suisse romande, le Grand Théâtre de Genève s'est spécialisé dans les représentations d'art lyrique. Des concerts, des spectacles de danse et de théâtre y sont également régulièrement organisés.