Une équipe internationale de chercheurs a séquencé le génome d'un autre de nos cousins primates, le macaque rhésus. Ces travaux pourraient aider à mieux comprendre la biologie humaine et améliorer les essais de médicaments.
Les macaques rhésus sont utilisés pour tester de nombreux traitements et étudier des maladies comme le SIDA, et ces nouveaux travaux aideront les scientifiques à s'assurer qu'ils constituent une bonne "doublure" de l'homme.
"Ce qui nous fascine tous, c'est ce qui nous distingue de ces animaux qui sont si proches de nous", souligne le Dr Richard Gibbs de l'école de médecine Baylor, qui a dirigé plus de 170 chercheurs ayant participé au projet.
Dans une étude publiée vendredi dans "Science", les chercheurs annoncent avoir séquencé le génome du macaque rhésus et l'avoir comparé à celui de l'homme et de son cousin le plus proche, le chimpanzé.
Au cours de l'étude, ils ont fait une découverte intrigante: dans un certain nombre d'affections, la même mutation génétique qui chez l'homme provoque la maladie semble normale chez le macaque. "C'est vraiment étonnant", souligne le Dr Francis Collins, de l'Institut national américain de la santé (NIH), qui a financé les recherches. "Cela donne une idée de la manière dont des changements subtils dans l'ADN peuvent causer de gros problèmes."
Le séquençage du génome humain en 2001 a engendré un foisonnement de travaux similaires chez d'autres animaux, les scientifiques voulant comparer les espèces pour tenter de comprendre les fonctions de différents gènes.
Le macaque rhésus est le troisième primate pour lequel on a ainsi déterminé l'ordre des bases (A, T, C et G) de l'ADN, et ces travaux promettent d'améliorer considérablement la connaissance de l'évolution des primates et peut-être même d'aider à expliquer ce qui distingue l'homme de ces cousins.
Sans surprise, l'ADN de l'homme, des chimpanzés et des macaques est très similaire. L'homme et le chimpanzé ont évolué séparément à partir d'un ancêtre commun il y a six millions d'années, mais possèdent encore près de 99% de leur ADN en commun. Les macaques se sont séparés de la famille des grands singes plus tôt, il y a 25 millions d'années, mais ils partagent encore 93% de leurs gènes avec l'homme, montre la nouvelle étude.
Celle-ci soulève des questions biomédicales importantes, les macaques rhésus étant très largement utilisés dans les recherches médicales. La plupart des vaccins et de nombreux médicaments sont testés sur ces primates. Ils servent également de cobayes pour l'étude de nombreuses maladies humaines, comme le SIDA.
Reste que des différences notables existent entre le macaque et l'homme. Chez ce dernier, environ un bébé sur 14.000 naît avec la phénylcétonurie ou PCU, qui entraîne une incapacité de l'organisme à traiter une protéine présente dans la plupart des aliments. Sans traitement, cette maladie provoque un retard mental.
Mais chez le macaque, le défaut génétique à l'origine de la PCU semble ne causer aucun problème. Les chercheurs ont découvert une série de mutations de ce type, qui sont nuisibles chez l'homme mais semblent normales chez le singe.
Les macaques ont trois fois plus de gènes que l'homme pour faire fonctionner un bras ou le système immunitaire, ce qui pose question quant à leur réaction lors de recherches sur des vaccins ou le SIDA. "Il serait logique qu'une connaissance approfondie de leur système immunitaire fasse partie de ces études", selon le Dr Gibbs.
L'étude a également son importance pour les singes car la connaissance de leur patrimoine génétique devrait permettre de réduire le nombre de primates utilisés dans de nombreuses expériences biomédicales, précise le chercheur. "Il s'agit d'expérimenter moins et d'être capable d'en apprendre plus."
Le séquençage du génome d'autres primates est en cours, notamment celui de l'orang-outang, du gorille et du gibbon. AP
Dim 15 Avr - 11:41