Le patron du RND (Rassemblement national démocratique), Ahmed Ouyahia, a réuni, pendant deux jours, jeudi et vendredi, le conseil national de son parti à l’hôtel Riadh de Sidi-Fredj à Alger. Une session outrageusement dominée par l’enjeu immédiat : les législatives du 17 mai prochain.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Tant les débats à huis clos que les tractations en coulisses n’ont quasiment pour objet que “les listes des candidatures”. Et, comme en 2002, l’ex-chef du gouvernement contrôle tout. Si liberté a été laissée aux wilayas de “proposer” des noms et des listes, tout sera tranché, en revanche, par la direction nationale, autant dire Ouyahia. Ainsi, si l’attrait d’un mandat parlementaire fait courir pratiquement tout le monde, Ouyahia ne veut prendre aucun risque s’agissant de la maîtrise d’un groupe parlementaire appelé, notamment à constituer l’un des instruments de combat lors de la prochaine élection présidentielle. Aguerri par l’expérience de 2002 ayant, pour rappel débouché sur un violent mouvement de fronde, Ouyahia n’a pas manqué de faire cette allusion lors de l’ouverture des travaux, jeudi matin. “Ma seule peur pour le RND, c’est du RND lui-même ! L’ambition individuelle reste certes légitime, mais il ne faudrait en aucun cas qu’elle s’exprime aux dépens du parti. Cela serait de l’égoïsme, à terme ravageur pour le parti”. Limogé fin mai 2006 de la tête du gouvernement, l’homme a pu tenir le coup et a déjoué un premier assaut de ses opposants à l’intérieur du parti. Un parti qu’il se doit de garder impérativement et quel qu’en soit le prix. Bouteflika étant désormais hors course, sa succession est engagée même si personne “n’ose” encore l’assumer publiquement. Ainsi, et à titre illustratif, le discours d’ouverture de jeudi dernier était dominé par... la politique étrangère ! Autant dire un discours d’un présidentiable. La même insistance a paru également lors de la conférence de presse d’hier vendredi, d’ailleurs. Et, accessoirement, une attaque en règle contre le concurrent immédiat, le FLN de Abdelaziz Belkhadem. Faisant allusion au discours de son successeur à la tête du gouvernement qui, faut-il le rappeler, insistait tant sur “le pouvoir d’achat”, Ouyahia n’hésite nullement à dénoncer “une certaine politique populiste” en la matière. Il s’écriera même lors de sa conférence de presse. “Mais qu’est-ce que ce discours qui ne parle que d’aisance financière ? ! C’est peut-être de la folie furieuse de ma part en termes de politique politicienne, mais je le dis et le répète : ce pays revient du précipice et non pas du bord du précipice. (...) Rappelez-vous, en 1985-1986 lorsque le monde entier se plaignait de la crise économique. Eh bien l’ancien Premier ministre de l’époque maintenait, lui, que l’Algérie a, elle, trouvé la formule magique pour l’éviter”. Résultat de cette politique désastreuse, conclura l’orateur “c’était l’explosion d’octobre 1988”...
Sam 3 Mar - 2:50