Il a parlé. Enfin. Hier, Jacques Chirac a mis fin à un faux suspense qui durait depuis plusieurs mois. Il a confirmé qu'il ne briguera pas un troisième mandat de président de la République. Elu pour la première fois en 1995, puis réélu pour un second mandat en 2002 à l'issue d'un second tour inédit qui l'avait opposé au leader d'extrême droite Jean-Marie Le Pen, Jacques Chirac, âgé de 74 ans, met ainsi fin à une carrière politique exceptionnelle de 40 ans.
Que fera-t-il après ? En février dernier, lors d'une émission de télévision, il avait donné une indication sur ses intentions: « Il y a sans aucun doute une vie après la politique. Jusqu'à la mort. Le jour où je n'aurai plus de responsabilités de cette nature, eh bien j'essaierai de servir la France, les Français d'une autre manière », avait-il déclaré.
En confirmant son retrait, Jacques Chirac entame un compte à rebours qui s'achèvera le 8 mai prochain, avec l'élection du futur président français. Durant cette période, Jacques Chirac devrait multiplier les actions symboliques. Parmi elles devrait figurer, selon nos informations, une tournée africaine qui le conduira notamment à Alger. Lors du dernier sommet France-Afrique de Cannes, le président Bouteflika avait proposé à son homologue français d'inclure Alger dans sa tournée africaine. Et Jacques Chirac a accepté. La visite devrait intervenir en avril prochain. Pour mieux mettre en valeur le déplacement du président, les déplacements de ministres français en Algérie ont été suspendus jusqu'au deuxième tour de la présidentielle française. A Alger, Jacques Chirac devrait notamment prononcer un discours sur sa vision des relations franco-algériennes et se livrer à un dernier bain de foule. Jacques Chirac a en effet gardé un très bon souvenir de sa visite d'Etat à Alger en mars 2003, la première d'un président français depuis l'indépendance algérienne en 1962. Sous la présidence de Jacques Chirac, les relations bilatérales, malgré de nombreuses périodes de tension, se sont nettement améliorées: multiplication des visites ministérielles des deux côtés, mise en place de nombreux projets de partenariat dans plusieurs domaines notamment l'éducation et la santé, simplification des procédures de délivrance de visa Schengen aux ressortissants algériens... Seule ombre au tableau dans le bilan algérien de Jacques Chirac: le Traité d'amitié entre les deux pays. Annoncé dans l'euphorie de la visite du président français à Alger, le projet n'a toujours pas abouti. Officiellement, le blocage viendrait du côté algérien: Alger souhaiterait dans un premier temps que la France demande pardon pour les crimes commis durant la période coloniale. Mais la situation de blocage arrange également Paris: selon plusieurs études d'opinion qui n'ont jamais été rendues publiques, les Français seraient majoritairement hostiles à la signature d'un tel traité avec l'Algérie.
Lors de son prochain voyage à Alger, Jacques Chirac devrait éviter le sujet. Le président français sait sans doute qu'il ne fera pas avancer les choses.
Les Algériens préfèrent attendre le 8 mai et l'élection du nouveau président français pour relancer les négociations sur le Traité d'amitié.
Lun 12 Mar - 22:49