MOSCOU (AFP) - Le
président russe Vladimir Poutine a critiqué jeudi les pays occidentaux,
"colonisateurs" à la "phraséologie pseudo-démocratique", qu'il a accusés
d'ingérence "directe" dans les affaires internes russes, lors de son discours
annuel à la Nation.Il a par ailleurs indiqué que Moscou pourrait geler
l'observation par la Russie du Traité sur les forces conventionnelles en [url=/e/europe.html]Europe[/url] (CFE) qui limite le déploiement d'armes.
"Le flux d'argent venant de l'étranger, utilisé pour une ingérence
directe dans nos affaires internes, augmente", a déclaré Vladimir Poutine en référence
aux financements, selon le Kremlin, de l'oppposition et des ONG de défense des
droits de l'Homme par des fonds étrangers.
Selon le président russe, le développement économique de la Russie ne plaît pas à tout le
monde.
"Il y a ceux qui, en utilisant habilement une phraséologie
pseudo-démocratique, aimeraient revenir à un passé proche: les uns pour piller
comme avant, sans être châtiés, les richesses du pays, voler les gens et l'Etat,
les autres pour priver notre pays de son autonomie économique et politique".
"A l'époque du colonialisme, on parlait du rôle civilisateur des
Etats-colonisateurs", a estimé M. Poutine, lors de son discours au Kremlin, en
référence aux pays qu'il accuse.
Les Occidentaux "utilisent des slogans sur la démocratisation, mais le
but est le même: l'acquisition de manière unilatérale d'avantages destinés à
assurer leurs intérêts propres", selon le président russe, devant les deux
chambres du Parlement réunies.
Le Kremlin critique régulièrement l'opposition et les ONG de défense des
droits de l'Homme, accusées d'être financées depuis l'étranger pour promouvoir
une révolution pacifique en Russie.
Les critiques du maître du Kremlin visaient le soutien des Occidentaux,
notamment de Washington, aux petits partis libéraux qui ne sont plus représentés
à la Douma, le chambre basse du Parlement russe.
La coalition Autre Russie, conduite par l'ancien
champion du monde d'échecs Garry Kasparov, est notamment dans le collimateur du
Kremlin.
Des manifestations avaient ainsi été dispersées violemment par la police
anti-émeute au début du mois à Moscou et Saint-Pétersbourg.
Parallèlement, la Russie a adopté une loi
plaçant sous un contrôle plus étroit des autorités les activités des ONG,
étrangères et russes.
Entrée en vigueur le 17 avril 2006, la loi contraint les ONG à une
nouvelle procédure d'enregistrement et exige des rapports trimestriels sur leurs
activités et sources de financement.
Nombre d'ONG estiment qu'elle complique l'obtention d'aides financières
étrangères et fournit un prétexte pour éliminer les organisations jugées
hostiles aux autorités.
Cette loi a été critiquée par l'Union européenne et les Etats-Unis.
A propos du Traité CFE, Poutine a évoqué un moratoire. "Je propose que
nous déclarions un moratoire sur le respect par la Russie du traité", a-t-il
déclaré. Le traité CFE de 1990 est destiné à limiter le déploiement d'armes
conventionnelles de l'Alliance atlantique (Otan) et du Pacte de [url=/p/pologne.html]Varsovie[/url].
Avant de commencer son discours à la Nation, Vladimir Poutine a demandé une
minute de silence à la mémoire de son prédécesseur, l'ancien président Boris
Eltsine décédé lundi.
Il a salué la Constitution adoptée en 1993 sous la houlette de Boris
Eltsine, "instrument significatif pour unifier la société russe".
Jeu 26 Avr - 14:13