LONDRES (AP) - C'est une réelle percée dans la lutte contre le SIDA: les résultats complets de deux études américaines confirment que la circoncision réduit bien, de jusqu'à 60%, le risque pour les intéressés de contracter le HIV.
Reste à savoir comment exploiter cette information, particulièrement en Afrique, le continent le plus durement touché par l'épidémie. Les données ont été publiées vendredi dans la revue scientifique britannique "The Lancet".
D'après une étude de simulation réalisée l'an dernier, la circoncision pourrait prévenir 2 millions d'infections par le virus du VIH/SIDA et 300.000 morts dans les dix prochaines années. En 2006, 2,8 millions de personnes ont été infectées en Afrique sub-saharienne, et 2,1 millions de malades sont morts. On soupçonnait depuis longtemps une vulnérabilité particulière des cellules du prépuce, découpé lors de la circoncision, au virus.
Les données publiées par "The Lancet" proviennent de deux vastes études menées au Kenya et en Ouganda. Les premiers résultats annoncés en décembre 2006 avaient été jugés si probants que les recherches, menées par les Instituts nationaux de santé, avaient été arrêtées. Ils confirment ceux de travaux antérieurs effectués en Afrique du Sud.
"C'est un progrès extraordinaire", s'est félicité le Dr Kevin de Cock, directeur du département SIDA au sein de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "La circoncision est l'intervention la plus convaincante qui ait été décrite à ce jour dans le domaine de la prévention du SIDA."
Il reste que la circoncision de masse poserait problème en Afrique, où le système de santé est déjà débordé. L'ablation doit être réalisée dans de bonnes conditions d'hygiène et requiert beaucoup d'organisation des services médicaux. Plusieurs pays africains comme le Swaziland mettent en place avec les agences onusiennes de nouvelles stratégies permettant d'augmenter le nombre de circoncisions. La circoncision doit s'ajouter aux autres méthodes de prévention déjà employées, comme le préservatif, et non s'y substituer.
L'Onusida et l'OMS se réuniront en Suisse début mars pour examiner les résultats de la circoncision et décider des prochaines mesures à adopter pour ralentir la progression de l'épidémie de SIDA. AP