Les élections législatives du 17 mai prochain auront mobilisé la classe politique comme aucune autre échéance électorale auparavant. Il faut, en effet, remonter loin dans le temps, exactement à la date de triste mémoire du 26 décembre 1991 pour voir un engouement aussi prononcé.
A l’exception du FFS de Hocine Aït Ahmed, qui a dû déclarer forfait en raison de la crise interne qui le déchire, tous les partis, des plus grands aux plus petits, sont donc sur la ligne de départ. L’importance accordée par les états-majors politiques à ce rendez-vous du 17 mai est telle qu’à la veille de la date-butoir de dépôt officiel des listes de candidatures au niveau du ministère de l’Intérieur, aucune formation politique, d’envergure notamment, n’a rendu publics les noms définitivement retenus pour prétendre à la députation. Le back-out s’explique par la profusion des prétendants, une véritable nuée, aux quatre coins du pays. Un parti comme le FLN, par exemple, devrait trancher sur pas moins de 5 000 dossiers. Mais cela n’explique pas tout ! Toujours concernant le FLN, un parti pas tout à fait souverain de ses décisions, ce retard dans l’annonce officielle obéit à des instructions venues d’en haut. “En dernier ressort, c’est le président du parti qui aura le dernier mot”, nous confirme une source bien informée au parti. Et en l’occurrence, le “président du parti” n’est autre que Abdelaziz Bouteflika qui, via Belkhadem et Zerhouni, “finalise” les listes du parti. D’où, d’ailleurs, le conclave hermétique du Moncada. C’est, confie-t-on par ailleurs, sur conseil de Zerhouni que Belkhadem a retardé l’annonce des listes. “De la sorte, explique-t-il, les éventuels mécontents n’auront pas le temps d’aller ailleurs ou de confectionner d’autres listes d’indépendants”. Et à propos justement de liste d’indépendants, il est un fait qui inquiète au plus haut point les partis politiques : leur très grand nombre. Les facilités concédées par l’administration, cette fois-ci, aux indépendants dans la constitution des listes ne sont certainement pas dues au hasard ! Dans certaines wilayas, elles sont plus de dix listes. De quoi brouiller l’élection et, à terme, parasiter la prochaine Assemblée ?