ALGER (AFP) - Les services de sécurité algériens tentaient de remonter vendredi la piste des commanditaires du double attentat suicide, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb, qui a frappé Alger mercredi faisant au moins 33 morts.
A l'occasion de la grande prière hebdomadaire du vendredi, les imams devaient par ailleurs condamner ces attaques et centrer leurs prêches sur la "volonté de paix et de réconciliation des Algériens", a-t-on appris auprès de plusieurs mosquées d'Alger.
Les services de sécurité sur les dents ont déclenché une série d'enquêtes à la recherche de pistes conduisant aux commanditaires des deux attaques sanglantes, qui ont visé le Palais du gouvernement, au coeur de la capitale, et un commissariat de Bab Ezzouar, dans la banlieue est, faisant au moins 33 morts.
La police a recueilli les témoignages des blessés - plus de 220 au total dont 57 sont encore hospitalisés.
Aucune information n'a filtré sur ces investigations qui s'annoncent difficiles. Les auteurs des attentats ont été pulvérisés dans les voitures suicides qu'ils ont lancées contre leurs cibles et les indices qu'ils ont laissés, essentiellement de la ferraille calcinée et des lambeaux de vêtements, semblent ténus, ont souligné des experts.
"Al-Qaïda au Maghreb islamique", branche du réseau terroriste d'Oussama ben Laden dans les pays d'Afrique du Nord et nom dont s'est rebaptisé fin janvier le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, algérien), avait revendiqué ces attentats dès mercredi.
La "neutralisation de Droudkel (Abdelamalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, émir du GSPC) pourrait prendre quelques semaines ou quelques années" et "elle dépendra de notre capacité de mobilisation et (à) rester vigilants", a déjà reconnu le ministre de l'Intérieur Noureddine Zerhouni.
Al-Qaïda au Maghreb a diffusé sur son site internet les portraits des trois kamikazes. Deux avaient le visage enveloppé dans un turban et le troisième, dont le visage était à découvert, paraissait très jeune pour avoir été déjà fiché par la police, a expliqué à l'AFP un officier spécialisé dans l'investigation. "Il s'agit sans doute d'un primo-délinquant, dont il sera difficile de retrouver la trace", a-t-il dit.
Le président Abdelaziz Bouteflika, qui n'a fait aucune apparition publique ni aucune déclaration depuis les attentats, a présidé mercredi soir tard une réunion d'urgence au cours de laquelle "une série de mesures ont été prises pour mettre un terme à ces actes criminels et mettre les criminels hors d'état de nuire", a annoncé le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem.
Cette réunion a été confirmée jeudi par le ministre de l'Intérieur qui a annoncé à la presse que les effectifs de police et de gendarmerie allaient être revus à la hausse dans les villes pour tenter d'enrayer la spirale de la violence.
"Nous avons eu l'occasion de faire une évaluation de la situation sécuritaire dans le pays" et cette évaluation a "confirmé que la situation sécuritaire était toujours correcte", a dit M. Zerhouni, tentant d'apaiser les inquiétudes de la population traumatisée par ce nouveau cycle d'attentats dans les zones urbaines qui rappelle les "années noires" de 1990-2000.
Sur le terrain, des centaines d'ouvriers, mobilisés jour et nuit depuis mercredi, s'employaient à remettre en état le Palais du gouvernement, dévasté sur huit étages. L'immense bâtisse, surplombant la baie d'Alger, héritée de la période coloniale, abrite les services du chef du gouvernement, ainsi que plusieurs ministères, dont celui de l'Intérieur.
A l'étranger les condamnations des attentats se sont poursuivies.
Le Conseil de sécurité de l'ONU notamment a condamné ces attaques "dans les termes les plus énergiques et réaffirmé la nécessité pour tous les Etats de lutter "par tous les moyens" contre le terrorisme.