WASHINGTON (Reuters) - Les pays européens accentuent leur pression sur le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, pris dans un scandale autour d'une promotion et d'une augmentation de salaire obtenue pour sa compagne.
La Grande-Bretagne a estimé que cette affaire avait nui à la Banque mondiale, tandis que l'Allemagne a posée ouvertement la question de la crédibilité de l'ancien membre de l'administration Bush.
Wolfowitz, qui n'a pas dit vouloir démissionner et dont le cas est examiné par le conseil d'administration de son institution, a cependant reçu le soutien de ministres africains, le Libéria le qualifiant de "visionnaire" et l'Ile Maurice affirmant qu'il avait fait du bon travail.
Le scandale a surtout fait de l'ombre aux réunions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, l'une des rares occasions pour les Etats industrialisés et les pays en développement de s'entretenir de questions communes.
"Bien que toute cette affaire ait nui à la banque et n'aurait pas dû arriver, nous devrions respecter la procédure du conseil d'administration", a déclaré la ministre britannique du développement Hilary Benn dans un communiqué.
Son homologue allemand, Heidemarie Wieczorek-Zeul, a dit qu'il était important que les actes de Wolfowitz ne compromettent pas l'autorité de l'institution, qui dépense quelque 25 milliards de dollars chaque année pour combattre la pauvreté dans le monde.
"Il doit décider lui-même s'il a toujours la crédibilité pour représenter les positions de la Banque mondiale", a-t-elle déclaré à Reuters.
Vendredi, la Maison Blanche et le secrétaire américain au Trésor ont renouvelé leur soutien à Wolfowitz.
Au sein même de l'institution, l'association des employés a estimé par la voix de sa dirigeante Alison Cave que la réputation de la banque avait souffert de l'affaire, et qu'il appartenait aux contributeurs d'agir pour en préserver la crédibilité et l'efficacité.
Les internautes ont déjà lancé les spéculations sur le nom de son successeur.
Le ministre sud-africain des Finances Trevor Manuel, et l'ancien ministre nigérian des Finances Ngozi Okonjo-Iweala sont les favoris du site Internet www.worldbankpresident.org, qui s'était fait remarquer lors de la désignation du successeur de James Wolfensohn, en 2005, offrant à ses lecteurs les rumeurs qui avaient cours dans les couloirs de l'institution.
Les deux noms avancés par les membres du site rompraient cependant la règle tacite selon laquelle la présidence de la Banque mondiale revient à un Américain, tandis que le Fonds monétaire internationale est dirigé par un européen.
Le scandale, pour lequel Wolfowitz a présenté ses excuses, a aussi réveillé les oppositions qui s'étaient fait jour lors de la nomination, en 2005, de cet ancien sous-secrétaire américain à la Défense, et l'un des architectes de l'intervention américaine en Irak.
Sa nomination avait suscité dès l'origine des controverses. Le conseil d'administration de la Banque mondiale a fait savoir qu'une décision le concernant serait prise rapidement.