PARIS (AFP) - Entre les IVe et VIe siècles, Bouddha et Vishnou cohabitaient harmonieusement dans "l'Empire des Gupta"... du 4 avril au 25 juin 2007, ils sont réunis au Grand Palais, à Paris, et révèlent au grand public l'art oecuménique et épuré de cet "Age d'or de l'Inde classique".Cette exposition est la première manifestation exclusivement dédiée à l'art de l'Inde gupta organisée en Europe, "grâce aux rapports harmonieux nourris depuis des années entre les musées indiens et le Musée national des Arts asiatiques-Guimet", précise à l'AFP son conservateur en chef Amina Okada, l'un des deux commissaires de l'exposition.
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Les galeries nationales du Grand Palais présentent à Paris quelque 120 sculptures bouddhiques, jaines (hindous) et brahmaniques, taillées dans le grès, le bronze, ou moulées dans la terre cuiteLe directeur de l'Archeological Survey of India (Institut indien d'Archéologie), le professeur Munish Chandra Joshi, décédé en janvier 2007, n'aura pas vu cette exposition qui lui est dédiée et dont il fut l'initiateur et le coordonnateur.
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C'est à ses côtés que les deux commissaires, Amina Okada et Thierry Zéphir, ont en 2005 parcouru, en deux semaines, tous les musées indiens pour "dresser une liste idéale" de sculptures intactes ou fragmentaires, vestiges de l'empire de la dynastie des Gupta, fondée en 320 de notre ère.Cet âge d'or, "moment de grâce et d'équilibre dans la civilisation indienne", selon Amina Okada et Thierry Zéphir, vit s'épanouir dans toute l'Inde septentrionale, les sciences, la littérature et la pensée religieuse.
Les empereurs Gupta firent ainsi cohabiter les religions bouddhique et brahmanique avec le culte de Vishnou dont ils étaient de fervents adorateurs.
L'exposition distingue dans cette collection oecuménique, les deux grands foyers artistiques de l'empire, que furent Mathura, pour son grès rose ou rouge, et Sarnath (lieu du premier sermon de Bouddha,ndlr), pour son grès beige, à travers un ensemble rare de Bouddhas assis ou debout, prêchant ou méditant les yeux mi clos, ou encore de Vishnous altiers, parés de pendeloques et de tiares.
Des reliefs narratifs en terre cuite illustrent aussi des épisodes-clés de la grande épopée du Ramayana, texte majeur de l'hindouisme.
"L'intérêt de ce chapitre gupta dans l'histoire de l'Inde c'est qu'il établit de nouveaux canons esthétiques et parvient au point d'équilibre entre des impératifs iconographiques et un art raffiné, sobre et élégant", explique Thierry Zéphir.
Selon le commissaire de l'exposition, c'est la première et sans doute la dernière fois que le public occidental voit certaines de ces pièces.
"A leur retour en Inde, elles seront classées +chefs d'oeuvre absolus+ et ne pourront plus jamais quitter le territoire indien, quoi qu'il arrive", assure-t-il.
(L'Age d'Or de l'Inde classique - l'Empire des Gupta. du 4 avril au 25 juin 2007. Galeries nationales du Grand Palais. Tous les jours sauf le mardi de 10H00 à 20H00 et le mercredi de 10H00 à 22H00. Prix d'entrée : 10 euros - Tarif réduit: 8 euros.)