Irak: au moins 190 morts dans une vague d'attentats à Bagdad

BAGDAD (AFP) - Au moins 190 personnes ont péri mercredi dans une vague d'attentats à la voiture piégée à Bagdad, dont 140 sur un marché populaire, mettant à mal la crédibilité du plan de sécurisation massif destiné à juguler la violence dans la capitale irakienne.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, trois personnes ont été tuées et un enfant de six ans blessé à Bagdad dans une série d'attaques au mortier, ont indiqué jeudi des sources médicales.
Deux jeunes hommes et une femme de 18 ans figurent parmi les victimes de ces attaques survenues dans le sud de la capitale irakienne, selon la même source.
L'attentat à la voiture piégée de mercredi sur le marché d'Al-Sadriyah, un secteur à majorité chiite sur la rive orientale du Tigre, est le plus sanglant dans la capitale depuis le début de l'année. Au moins 140 personnes y ont péri et 155 ont été blessées, selon un dernier bilan des services de sécurité.
L'explosion, entendue à plusieurs kilomètres, a creusé un cratère de deux mètres dans le secteur du marché, déjà visé le 3 février par un attentat suicide au camion piégé, qui avait fait 130 morts.
Les marchés constituent une cible privilégiée pour ce type d'attaques, considérées comme la marque de fabrique d'extrémistes sunnites s'en prenant à la communauté chiite, qui contrôle le gouvernement et est majoritaire au sein des forces de sécurité.
Après l'attentat, des gens en colère ont commencé à crier "A bas Maliki!" (le Premier ministre Nouri al-Maliki) et "Où est le plan de sécurité?"
M. Maliki, un chiite, a accusé les "vampires takfiri" (extrémistes sunnites) d'être responsables de cette "attaque monstrueuse" qui rappelle les "massacres et génocide commis par l'ancienne dictature" du président déchu Saddam Hussein.
Il a ajouté que le commandant militaire irakien chargé du secteur avait été arrêté et ferait l'objet d'une enquête en raison de "la faiblesse des mesures prises pour protéger les civils".
Un autre attentat sanglant a été perpétré à Sadr City, le grand quartier chiite de Bagdad, où l'explosion d'une voiture piégée contre un point de contrôle de l'armée a fait 28 morts et 44 blessés.
Une autre voiture piégée a explosé dans le quartier de Karrada, au centre, faisant 11 morts. Dans le même secteur, trois personnes ont péri dans un attentat similaire.
Ailleurs à Bagdad, quatre policiers ont péri dans un attentat suicide à la voiture piégée, alors qu'un attentat suicide dans le quartier sunnite de Saadiyah a tué deux policiers et deux civils.
Au nord de Bagdad, à Tikrit, des hommes armés ont abattu quatre personnes dont le fils d'un responsable du ministère de l'Intérieur.
Les attentats à Bagdad, condamnés par Londres et l'Union européenne, surviennent malgré le plan de sécurisation lancé le 14 février, pour lequel des dizaines de milliers de soldats irakiens et américains ont été mobilisés.
Le plan prévoit le déploiement de 90.000 soldats américains et irakiens d'ici juin.
Un porte-parole de l'armée américaine, le contre-amiral Mark Fox, a reconnu sa "frustration" de ne pas avoir pu empêcher les attentats, mais a estimé qu'il n'y avait pas de "dégradation" de la situation.
En tournée dans la région, le secrétaire d'Etat américain à la Défense Robert Gates a déclaré depuis Tel-Aviv que les Etats-Unis étaient déterminés à aller de l'avant dans le plan de sécurisation.
Il avait averti auparavant au Caire des conséquences négatives d'un "effondrement" de l'Irak sur "la sécurité et la prospérité" de la région. "Un effondrement total en Irak sera ressenti dans les capitales (...) du Moyen-Orient bien avant qu'il soit ressenti à Washington ou à New York".
Le déferlement de violences a éclipsé le transfert par les forces britanniques aux autorités irakiennes du contrôle de la sécurité d'une quatrième province, celle de Missane, riche en ressources pétrolières.
Ce processus de transfert se poursuivra jusqu'à fin 2007. Missane est la quatrième des 18 provinces d'Irak, dont le contrôle a été transféré aux Irakiens.